Il tient son nom de son village d’origine : Morbier. Identifiable par la ligne qui le partage en deux, une raie noire persillée autrefois composée de cendre de bois et aujourd’hui de charbon végétal, le morbier est né d’une recette empirique empreinte du bon sens paysan des fermiers du Doubs et du Jura.

 Le fromage des deux traites

 Le morbier, fromage au lait cru de vache et à la pâte pressée cuite, est reconnaissable entre mille grâce au liseré bleuté qui le traverse. Il y a deux siècles, dans les fermes isolées de Franche-Comté, ce fromage était confectionné avec le caillé de la traite du matin, additionné au caillé de la traite du soir initialement destiné à la fabrication du comté. Le lait caillé restant de la première traite était laissé au fond d’une cuve en cuivre. Pour protéger de l’atmosphère, des insectes et des moisissures, ce qui va devenir la première couche de fromage, le fermier le recouvrait d’un lit de cendres récupérées sur la cuve. Le soir, le lait caillé restant de la deuxième traite venait s’ajouter à celui de la première traite et constituer ainsi la deuxième « strate » du fromage, réservé à la consommation personnelle des montagnards. Entre-temps, le morbier est devenu un allié de choix sur tous les bons plateaux de fromage. Sa saveur délicatement sucrée et sa texture moelleuse ne laissent personne indifférent.

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 Une physionomie propre

Aujourd’hui, ce fromage au goût franc et marqué est majoritairement confectionné dans le Doubs et le Jura. Le lait qui entre dans la confection du morbier provient essentiellement de vaches montbéliardes et simmentales. Malgré les années, ce fromage a su conserver cette raie bleutée qui le distingue. Cette jolie ligne est désormais obtenue par application de charbon végétal sur l’une des faces avant l’opération de pressage. À la fois comestible et décoratif, l’emploi de charbon végétal a permis de respecter l’identité de ce fromage de montagnards. En 2000, le morbier obtient son AOP. Il doit peser entre 5 et 8 kg, mesurer environ 40 cm de diamètre pour 5 à 7 cm de hauteur et nécessite un affinage de 45 jours minimum en cave. Bien évidemment, privilégiez l’acquisition d’un fromage fermier, promesse d’une élaboration dans les fruitières de comté et d’un affinage de deux mois en cave, dont la température est comprise entre 7 °C et 15 °C. Le morbier est travaillé toute l’année, mais on préfère sa version estivale : bien plus fleurie. Sa croûte brossée, épaisse et brune possède une odeur soufrée, bien loin de la saveur douce et végétale de sa pâte moelleuse.

Bons accords

Le morbier est bon à toute heure de la journée comme en fin de repas, servi en plateau. C’est un vrai délice sur une tranche de pain aux céréales avec un peu de confiture de myrtilles. La cuisson lui confère une légère amertume, ce qui ne l’empêche pas d’entrer dans la composition de la « morbiflette ». Le morbier fait des merveilles avec les vins rouges jeunes, mais un arbois blanc reste l’idéal.